La neige fraîche grinçait sous tes pas tandis que tu rejoignais ton petit coin de paradis ; le lac gelé de Rosewood, un endroit où tu aimais te rendre qu’il vente, qu’il pleuve ou bien qu’il neige, comme c’était le cas aujourd’hui, accompagnée d’un roman ou bien de ta vieille paire de patin à glace qui se balance à chacun de tes pas pendu à ton cou gracile.

Tu as beau venir souvent ici, tu ne peux t’empêcher de t’extasier devant la beauté des arbres qui ploient sous le poids de la neige, des stalactites semblables à des cristaux qui pendent à l’entrée de la petite grotte où l’été tu aimes rêvasser à l’abri de la chaleur et des baigneurs venus profiter de la fraîcheur du lac.

Enfin arrivée, tu t’assois sur la souche d’un arbre où tu enfiles tes patins avant de te lancer à l’assaut du lac gelé. Tes pas sont d’abord hésitants puis tu t’élances décrivant des circonvolutions avec plus ou moins de grâce, sous toi, la glace recouverte par une fine couche de neige fraîchement tombée émit un craquement sourd et mystérieux, mais tu ne le remarquas même pas, bien trop occupée à tournoyer sur toi-même ou bien à essayer de patiner à l’envers.

Quand soudain, tu entendis ton prénom «Phaedra», ton cœur eut un raté, lentement tu te retournas, t’attendant à voir sur la rive, ta mère folle de rage qu’une fois encore tu lui ai désobéi. Dieu sait combien elle détesté de te voir patiné sur les eaux gelées et en apparence si calmes du lac.
Mais à ton grand soulagement ce n’était pas elle, à quelques mètres de toi, au milieu du lac se tenait une personne, ton bien aimé. Ravie, tu lui offris ton plus beau sourire avant de t’élancer vers lui, trop heureuse et excitée de voir ton amoureux, tu n’entendis pas la glace se rompre sous toi.

Le contact de l'eau glacée comparable à des milliers de lames s’enfonçant simultanément dans ta chair, te coupa net la respiration. Ne sachant pas nager tu moulines des bras, et tu t'efforce de maintenir ta tête à la surface de l'eau froide que tu bois plusieurs fois et  qui, petit à petit te paralysait les jambes puis les bras.

Tu implores plusieurs fois ton bien aimé de te sauver de ces eaux qui menaçaient de se refermer sur toi à chaque secondes et qui grignotaient lentement mais surement tes forces et tes espoirs de regagner la terre ferme.

Tes poumons remplit d'eau que tu n'as plus la force de recracher te font soudain terriblement souffrir , t'implorent en même temps qu'ils te maudissent mais tu ne peux plus rien car tu ressens soudain une grande fatigue et la gravité t'attirer inlassablement vers le fond. Avant que les eaux t'emprisonnent tu murmure une dernière fois son nom .
Siegfried....