Les remords. Ils te rongent. Jusqu’à la moelle. Similaires à l’acide. Ils détruisent tes entrailles. Ton esprit encore enfantin. Une larme. Elle coule. Le long de ta joue froide. Pâle. Presque sans vie. Une larme. Elle coule. Tombe. S’écrase. Et s’éteint. Sur le sol bétonné. Presque comme ton existence. Ton intelligence ne l’a pas sauvé. Pas cette fois. Elle n’a pas su t’éviter ces barreaux. C’est la première fois. Ta première fois. Dans cette cellule. Triste et glacée. Vide. Cafardeuse et morne. Ta discrétion s’est envolée. Le temps d’un instant. Laissant place à la confiance. Gonflée par une vie de pratique. Rosie par la fraîcheur de l’hiver, ta main s’est attardée. Sur ce fruit. Que ton ventre affamé réclamait. Tes phalanges refermées sur ta proie. Une seconde de trop. Tes joues creusées par la faim. Salie par ton quotidien dans les rues. Tes vêtements crasseux. Tes iris avides. Tout chez toi trahissait ta culpabilité. Et cette voix grave. Accusatrice. Qui hurlait ton crime. N’avais-tu pas remarqué ses prunelles ? Qui t’épiaient depuis un moment déjà. N’avais-tu pas constaté qu’elles t’avaient déjà repéré ? Toi, petite clocharde désireuse. Dotée de l’arrogance d’une spéculatrice. Celle qui t’a mené à ta perte. Finalement. Ne parle-t-on pas de karma ? Tout se paye un jour. Tu n’es pas stupide. Tu te doutais qu’un jour, tu te ferais prendre. Pourquoi l’as-tu oublié cette fois là ?

Des bruits de pas. Ils s’infiltrent dans tes oreilles. Fragilisés par le silence morbide de la prison. Tes mirettes dévient. Deux hommes. Ils t’observent. Es-tu maintenant devenue un animal de foire ? Cette créature étrange qui amuse les inconnus ? L’un d’eux part. Le gardien. Il t’abandonne au regard cupide de l’étranger. Tu ne commences pas la conversation. Plus intéressée par sa présence ici. Muette et immobile. Les secondes défilent. Dans le silence. Qu’il interrompt enfin. Il s’explique. Vaguement. Te propose mariage et richesses. Pour des raisons floues. Que tu n’arrives pas à cerner. Et il attend. Ta réponse. Tu n’as pas le temps de réfléchir. Il ne te semble pas non plus avoir le choix. Ses mots sont doux. Agréables. Chantants. Mais paraissent autoritaires. Est-ce la solitude qui brouille ta perception ? De toute façon, comment refuser ? Il t’offre ton rêve sur un plateau d’argent. Que peut-il t’arriver de pire ? Il te laissera crever ici sinon. Tu le sais. La liberté. Ou l’enfermement. Cet ultimatum pathétique ne peut avoir qu’une seule réponse. Oui.