D’une intelligence presque rare. Sans modestie. Sans superflue. D’un naturel envoûtant. D’un charme simple et pourtant si puissant. Tu aurais pu avoir le monde à tes pieds. Mais née dans la mauvaise famille. Dans la mauvaise ville. A la mauvaise époque. Ta cervelle compétente n’a servi qu’à survivre. Voler pour manger. Dérober pour s’habiller. Piller pour s’amuser. Nomade. Voyageuse. Tu rêvais d’ailleurs. Mais les pieds sur terre, tu n’as pas rêvé trop grand. Juste d’un avenir réalisable. Loin de cette boue te collant à la peau. Et de ces chiffons te servant de vêtements. Tu savais que cette situation changerait. Ton côté optimiste ne cessait de te le chuchoter. Tu aimais te laisser bercer par ses mots doux. Utopistes. Mais deux sentiments sont venus perturber ta clairvoyance. La convoitise. Et l’amour. Hyacinthe. Et ses richesses. Tu n’as su voir. Ce monstre pervers et cruel. Il a refermé ses griffes autour de ta frêle silhouette. Avant que tu ne te rends compte du traquenard. Éclatant cette image de prince charmant. Écorchant au passage ton palpitant encore jeune. Ses paroles célestes te rassuraient. T’ôtaient ta timidité de gamine. Ses gestes t’apaisaient. Toi, petite poupée encore sauvage. Son être savait te ravir. Te compléter. Ta bulle protectrice est crevée. Toi, ange gracieux et attentionné rêve maintenant de meurtre. Mais il veille. T’épie. Possessif et paranoïaque. Il te persécute. Jusqu’à prendre l’apparence d’autres personnes. Pour que tu ne fasses aucun faux pas. Il est là. Il est partout. Tu es sa prisonnière. Sa captive. Sa poupée fragile de son tableau de chasse..