Première maisonnette : L'ambiance est des plus reposante, à l'intérieur les bougies donnent une atmosphère capable de calmer le plus nerveux des hommes. Là, dans la pièce principale, deux gamines jouent à chat dans les jambes de leur mère qui les observe sagement du coin de l’œil, les éclats de rires résonnent jusque dans le jardin, apportant au quartier une bonne humeur communicative. C'est beau, ça transpire l'amour et la fusion entre membres d'une même famille dont le père a été arraché.

Seconde maisonnette : Un cri retentit, pétrifiant d'horreur. Danaé sait bien que malgré son visage heureux, son voisin Deimos ne l'est pas vraiment. Les hurlements la réveillent en sursaut la nuit, mais elle n'ose pas bouger, elle est paralysée par son imagination qui tente de comprendre ce qu'il se passe dans la maison voisine, totalement contrastée par rapport à la sienne. Et puis Deimos a changé, il s'est inventé des chutes pour justifier les bleus et il s'est éloigné d'elle, de la vie, de lui-même, passant de l'ange au démon.

Le sentiment d'échec oppresse l'innocente en continu, son estomac se déchire à chacune de ses paroles et le silence scelle peu à peu ses lèvres nacrées. Sa jumelle pourtant bien plus timide qu'elle s'est mariée avec un homme bien plus riche et voilà que Danaé traine son corps frêle dans les bois jusqu'à la tombée de la nuit tant redoutée. Cette nuit comme toutes les autres elle va hurler à s'en faire perdre la voix, sa mère dit que ça réveille même les fantômes et que son défunt père serait furieux de l'entendre ici. Elle n'y peut rien, la fille aux cheveux d'ébène. Chaque nuit elle voit sa sœur, sa mère et ses plus proches amis étalés à même le sol, gisant dans leur propre sang. Ce ne sont que des cauchemars, mais sa mère se persuade qu'elle devient simplement folle, tuée à petit feu par la solitude de sa vie terne.

Deux voix, deux murmures se font entendre dans la cuisine. Sa magnifique mère et le père de Deimos. Rosewood, un seul mot. C'est là que le père a envoyé son fils devenu fou. C'est à cause des cris dans la nuit terrifiante, elle le sait. Elle a confiance en sa mère, elle tient trop à elle pour l'envoyer dans ce lieu inconnu sans raisons valables.

Abandonnée, rejetée, bafouée. L'enfant sauvage sent son cœur bancale battre sans la moindre harmonie. Sa chambre d'hôpital est terne, alors elle la tapisse de dessins d'enfants pour rajouter des couleurs dans sa vie. Et puis il y a ce pommier dans la cours, elle rêve de croquer dans une de ces pommes, peut-être que ses terreurs nocturnes se calmeront grâce à ça.