For the love that I'll make, I'm going to hell Peut-être connaissez-vous ce sentiment de haine, de honte, de chagrin lorsque vous vivez une rupture. Quel qu'elle soit d'ailleurs : une rupture parentale, fraternelle, sentimentale. Lorsque l'autre vous fait clairement comprendre que vous ne pouvez pas continuer à vous côtoyez, que vous ne représentez plus rien pour lui, que son cœur est parti pour une autre. Que vos agissements, votre comportement sont devenus trop insupportables pour rester avec vous. Que votre jalousie peut-être n'est plus vivable, que votre personnalité en général, n'est plus vivable. C'est souvent le dominant du couple qui lâche le dominé. Sauf si ce dernier obtient une aide extérieure à la relation, que quelqu'un lui ouvre les yeux sur le côté malfaisante de la relation. Mais c'est rarement le cas. Le plus souvent, c'est la personne la plus forte qui lâche l'autre. Parce qu'il en a assez, parce qu'il a assez joué avec le cœur de sa victime et que ce n'est plus assez drôle pour prendre la peine de continuer. Bref, la personne qui se fait larguer est toujours triste, puisque la décision de l'autre vient généralement en dépit de ce qu'elle pensait. On pense tous que notre relation est parfaite, et d'un coup on nous dit qu'on ne veut plus de nous. Évidemment que ça fait mal. On ne ressort jamais heureux d'une rupture. Bien sûr avec le temps ça passe, on finit par s'y faire. Mais lorsqu'on n'a jamais reçu l'amour tant recherché par l'autre, alors que notre amour était tellement sincère et puissant, ne ressent-on pas en même temps en désir de vengeance, pour tout ce qu'on a subit ?

« Mais Evangeline, je ne comprends pas... J'ai une femme, elle est enceinte...» Les mots résonnèrent dans sa tête. Marié. Avec un futur enfant à charge. Elle ne comprenait pas. Pourquoi avait-il commencé à lui faire penser qu'elle comptait pour lui ? Qu'elle était différente ? Il lui avait bien fait comprendre lors des nombreux cours depuis le début de l'année scolaire auxquels elle participait toujours. Qu'il l'aimait, que son cœur appartenait à la rouquine. Alors pourquoi lui disait-il ça ? Encore une autre manière de cacher leur amour ? Malheureusement, elle n'en était plus aussi sûre. Pourtant il était venu la voir il y a quelques jours, après qu'elle se soit absenté pendant deux mois des cours. Parce que justement, il ne lui disait pas qu'il l'aimait, et ça la faisait souffrir. Atrocement souffrir. Son cœur semblait s'être transformé en un trou noir infini, qui aspirait toute son âme, tout son être, tout ce qu'elle était. Elle avait besoin de lui, tout comme il avait besoin d'elle, elle en était persuadée. Il l'aimait autant qu'elle l'aimait, c'était évident. Pourquoi lui aurait-il envoyé tous ces signes s'il ne l'aimait pas ? Ces messages codés, que seule elle pouvait déchiffrer, pour éviter les soupçons, les louanges qu'il lui disait devant les autres professeurs lorsque venait le temps des examens oraux. Pourquoi continuait-il à lui mentir ? Pourquoi il ne prenait pas la décision de tout quitter et de partir avec elle ? Loin de l'université, ils n'auraient plus aucun problème, même avec la justice, après tout elle allait être tout à fait majeur quelques mois plus tard. Ils suffisaient qu'ils fassent attention durant ce laps de temps. Ils pourraient vivre leur amour au grand jour...

Une femme apparut doucement derrière la silhouette de son bien-aimé. Un coup d’œil suffit à Evangeline pour apercevoir le ventre rond et la grossesse avancée de cette inconnue. Cette catin devait être à son huitième mois. Cela fit un choc à Evangeline. Les larmes commençaient à monter. Il se jouait donc d'elle. Comme tous les autres. Il avait cherché une relation adultère avec elle, et non pas une relation sérieuse. Il voulait juste ses fesses. Ses fesses de riches. Ses fesses de petite étudiante bien élevée. Son cœur se serra. Elle qui était venue pour lui prouver que sa visite il y a quelques jours lui avait redonné le courage de vivre, puisqu'il était venu la voir pour la soutenir dans ce moment de souffrance, elle se demandait à présent ce qu'elle pouvait bien faire. Elle avait été idiote de croire en ses belles paroles, de s'être jeté dans son piège de séduction. Mais elle se raccrochait néanmoins à l'espoir qu'il a pu l'aimer, au début. Pourquoi l'aurait-il choisi elle, après tout, dans cette lasse de jeunes élèves. Evangeline regarda son professeur, et dans un dernier geste de désespoir, attrapa la main du jeune homme. Mais ce dernier la retira aussi sec.  « Evangeline... vous êtes une de mes meilleures élèves mais, je ne vous aimes pas, du moins pas comme vous le croyez... » Vous savez ce que ça fait de sentir une lame glacée traverser son cœur de part en part ? Angel ne le savait pas non plus avant ces paroles prononcées d'une voix douce mais néanmoins fermement campée sur ses positions. La jeune femme sembla tomber à la renverse, elle-même aspirée par ce trou noir qui lui servait de cœur. Bouche-bée, elle eut du mal à comprendre le comportement du jeune homme. Pourquoi ? Pourquoi la rejetait-il ainsi ? Après ces mois d'espérance et d'amour dissimulé aux yeux de tous ? Il l'aimait, il ressentait au moins du désir pour elle. Il avait même réussi à oublier sa femme dans l'espoir d'être avec la jeune Riddle. Alors pourquoi ?

Elle entra dans un état second. Tous ces mots qu'il avait prononcés, c'était trop. Elle avait déjà pensé à aller le voir pour lui faire du mal. Pour lui faire comprendre ce que ça faisait de souffrir à cause de quelqu'un. Parce qu'il refuse d'admettre la vérité, qu'il l'aimait. Un amour interdit, c'est ce qui l'excitait et ce qui rendait leur amour plus palpitant. Pendant ces deux mois de dépression, elle avait pensé à lui, mais lui pensait-il à elle ? C'était presque évident, surtout lorsqu'il lui rendit visite pour savoir comment elle se sentait. Il s'inquiétait pour elle. C'était ce qui lui avait redonné le goût de vivre. Mais pourquoi la rejetait-il ainsi ? Pourquoi cette rupture qui leur fera du mal à tous les deux ? Pourquoi voulait-il la faire souffrir par tous les moyens ?

Le jeune homme aperçut le changement de regard dans les yeux d'Evangeline. Il sentit toute la haine qu'elle avait accumulé pendant ces derniers mois. Elle regarda droit dans les yeux, baignés de larmes et de colère. Elle devint hystérique. Elle hurla des injures à leur encontre, à lui et à sa femme. Elle le gifla. Il resta sonné, mais eu à peine le temps de vraiment comprendre ce qu'il arrivait lorsqu'une violente pression fut exercé sur sa gorge. Evangeline serrait la cravate élégamment nouée autour du cou de son professeur. De son amant. De l'objet de son amour qui était devenu l'objet de sa haine. Il l'avait trop fait souffrir. Il devait comprendre tout ce qu'il lui avait fait. C'était à son tour, de souffrir. Elle entendit à peine sa femme crier derrière. Elle était plongé dans le regard apeuré du jeune homme. Et elle voyait à l'intérieur ce qui anima encore plus sa haine : il pensait qu'elle était folle. C'était elle, la folle ? Alors qu'il s'amusait avec son cœur depuis des mois ? Elle serra bien plus l'étreinte. Il suffoquait. Ses yeux commençaient à devenir rouge, dut à l'éclatement des vaisseaux sanguins dans ses globes oculaires. Il pâlissait à vue d’œil. Mais elle ne desserrait pas. Hors de question. Dès qu'il gigotait un peu trop, elle serrait encore plus. Elle tirait comme une dératée sur la cravate, qu'elle avait rêvé de retirer dans ces nuits où elle était seule. On pouvait voir apparaître petit à petit une marque rouge autour du cou, tellement elle serrait l'emprise qu'elle avait sur lui. Elle le faisait souffrir, comme elle l'avait désiré.

Peu à peu, il perdait ses forces. Ses mains qui essayaient d'éloigner Evangeline de lui devinrent molles, et tombèrent sur le sol. Il essayait de trouver la silhouette de sa femme, il la cherchait ardemment mais ne la trouvait pas, elle s'était réfugiée dans la maison pour appeler la police. Soudain, le souffle lui manqua pour de bon. Il ferma ses yeux, et son corps ne fut plus qu'une masse inerte. Elle resta au-dessus de lui, à serrer sa cravate autour du cou, pendant encore quelques secondes, avant de tout relâcher. Les larmes coulaient sur son visage, tombaient sur celui du jeune professeur. Elle se releva ensuite doucement. Elle avait encore quelque chose à faire. Elle s'avança dans la maison, trouva la cuisine adjacente au salon, où la femme du jeune homme appelait la police en pleurant. Lorsqu'elle aperçu Evangeline, elle sut qu'elle ne lui voulait pas du bien. Rapidement, la rouquine attrapa un couteau posé sur le plan de travail, et pourchassa l'autre femme. Elle hurlait, cette truie. Elle hurlait bien trop fort. Dans sa rage, chaque bruit devenait insupportable pour Evangeline. Elle finit par l'attraper, dans l'escalier. Elle la fit basculer sur les marches, et la chevaucha, pile sur le sommet de son ventre recouvrant le bâtard qui lui servirait de fils. Evangeline l'insultait, la jeune femme l'implorait de ne pas leur faire plus de mal. Elle allait lui asséner un coup de couteau dans la poitrine quand un des voisins, alerté par les cris, l'arrêta à temps. Puis, Evangeline ne se souvint de rien.