Une femme soupire, et de la fumée s’échappe de ses lèvres pulpeuses et entrouvertes. Dans ses prunelles se reflètent les flammes de l’âtre qu’elle observe silencieusement et avec grand intérêt.
« Ca n’aurait pas dû se passer comme ça. » Soupire-t-elle. Elle tourne la tête de droite à gauche alors que ses souvenirs semblent prendre forme devant ses grands yeux bruns.
[…]
Rien n’aurait pu prédire son avenir. Absolument rien.
Venue au monde dans une famille aisée, elle était choyée et aimée par ses pairs. Fille unique, ses parents la considéraient comme la prunelle de leurs yeux.
Tout était parfait… Tout était simple.
[…]
Les images défilent sans qu’elle ne parvienne à s’arrêter sur un souvenir en particulier… Jusqu’à ce qu’elles ralentissent lentement, se focalisant sur son adolescence. Ses mâchoires se crispent alors qu’elle observe, se remémore, sans ne rien pouvoir y changer. Oh, qu’elle aimerait annihiler cet évènement…Une main énorme s’abat sur une joue nacrée. La sienne. Sa longue chevelure noisette s’envole sous le coup. Sa tête part s’écraser contre le sol. Cette même main, toujours, vient agripper sa tignasse pour que leurs yeux se trouvent à la même hauteur.
« Tu n’es qu’une putain ! » Hurle-t-il. Elle tente de bafouiller quelque chose, mais les sanglots lui nouent la gorge. Elle tend des billets qu’il lui arrache des mains. Du sang perle au coin de ses lèvres et des ecchymoses ne tarderont pas à enlaidir ce minois pourtant tellement joli.
« Tentes de me voler une fois encore et tu regretteras. Encore plus amèrement que cette fois-ci. Je ne m’échauffe qu’à peine pour le moment. » Ses mots venimeux s’écrasent sur la peau diaphane de la demoiselle, malmènent sa chair. Elle tente de hocher la tête avec frénésie mais la main qui enserre ses cheveux l’en empêche.
« Pro… Promis. Je ne… Je ne voulais pas… » Le regard qu’il lui jette alors lui glace le sang.
« Oh. Alors cet argent s’est retrouvé dans ta main sans que tu n’en comprennes les raisons, c’est ça ? » Les larmes roulent le long de ses joues, ses lèvres se tordent dans une grimace témoignant de sa souffrance et de sa peine.
« Non, bien sûr… Mais… » Elle n’aurait pas dû dire ça. La poigne de l’homme ne fait que la martyriser encore davantage.
« Mais ? » Elle ne peut rien ajouter. Elle est vaincue, dépossédée de ses moyens. Après des minutes qui lui paraissent interminables, enfin, elle est libérée. Et sa porte, une fois claquée derrière la lourde silhouette, est fermée à clé.
A moitié recroquevillée sur le sol, elle pleure. Elle laisse les torrents de sa souffrance se répandre sur le sol alors qu’elle lutte pour ne pas crier sa douleur, sa peine.
Un an que son père biologique est décédé. Elle n’est âgée alors que de seize pauvres années. Et depuis quelques longs mois, sa mère est remariée. Avec lui. Avec ce monstre. Il avait parut gentil les premiers temps… Cachant ses véritables intensions, cachant son véritable intérêt : Il ne voulait que la mère – et sa fortune – et non le lot. En gros : La fille était de trop. Il avait entreprit alors de la frapper pour mieux la dégoûter, pour mieux la faire s’en aller. Et son plan fonctionnait à merveille : Meade en avait assez de ce foyer… Assez qu’il parvienne toujours à la frapper aux endroits les moins visibles pour que sa mère ne remarque rien. Assez d’afficher sans cesse des sourires de faux-semblants afin qu’il ne la batte pas. Mais toujours, il recommençait. Et sa force semblait, chaque fois, décuplée.
Se relevant péniblement, elle ouvre l’un de ses tiroirs et en sort un sachet d’herbe. De la Marijuana, qu’il n’est pas facile de se procurer et qu’elle tient malgré tout entre ses mains. Attrapant une feuille de papier prévu pour les cigarettes, elle y glisse un peu de tabac et rajoute la drogue. Elle y met un bout de carton qui servira de filtre puis humidifie la feuille pour refermer son joint. Ses mains tremblent alors qu’elle tente de faire aller son briquet et de faire apparaître le feu afin qu’il consume le bout de la cigarette améliorée. Il lui faut quelques minutes pour y arriver, tant la nervosité est encore palpable. Et enfin, le feu apparaît. Elle glisse la tige entre ses lèvres et en tire des bouffées. Elle s’assoit contre le mur et se laisse doucement aller, sans cesser d’attirer la substance à elle, dans ses poumons, dans ses veines.
Elle ne saurait dire depuis combien de temps elle fume… On lui avait proposé d’essayer une fois, et elle avait accepté. Pour la Marijuana, ça avait débuté peu de temps après l’arrivée de son beau-père. Elle ne savait pas à quel point c’était nocif, elle ne savait pas à quel point ça changerait sa vie radicalement… Mais ce fut le début de la décadence, le début d’une addiction qui la suivrait longtemps et qui détruirait peu à peu sa vie.
[…]
Les ruelles sombres deviennent l’endroit le plus fréquenté par la jeune femme. Pour avoir davantage de moyens d’oublier, quand bien même c’est nocif, dangereux et que ça peut altérer son cerveau. Elle n’en a que faire. Tout est bon pour ne pas penser à ce beau-père abusif, pour que la vie soit plus facile.
C’est au lycée qu’elle rencontra l’homme qui aurait une importance capitale dans sa vie, et qui parviendrait presque à la sevrer. Presque, parce qu’il échouera.
Il s’appelle Abaddon. Nom peu commun pour un être peu commun.
Il lui a tout de suite tapé dans l’œil, à la rentrée des classes. Il est un an plus âgé, mais à chaque pause, elle le cherche des yeux. Et lorsqu’il sourit, elle aussi sourit. Elle aime le regarder, même à distance.
Du fait de sa vie compliquée et d’une certaine timidité – en plus d’un élan un tantinet pessimiste – elle n’ose pas l’approcher. Que pourrait-il se passer ? Il a l’air populaire et elle… A part quelques rares amis, elle n’est pas très entourée. Ils font parti de deux mondes différents. Il allait avoir 18 ans, et elle allait en avoir 17. Elle ne connaît personne de son cercle d’amis pour avoir une raison valable de s’incruster… C’est un rêve impossible que de pouvoir vivre une idylle avec lui. Et puis, c’est incroyablement superficiel de s’intéresser à lui pour son physique, puisqu’elle ne le connaît pas. Mais quelque chose chez lui, dans sa façon d’interagir avec ses amis, lui fait indéniablement penser qu’ils pourraient se compléter.
Un jour, une fête est organisée. Etonnée, Ludmila reçoit une invitation et décide donc de s’y rendre, un peu nerveuse. Ses parents ont beau être riches, elle n’a jamais été habituée à être invitée à ce genre de choses que font les adolescents entre eux. Et lorsqu’elle arrive, elle tombe nez à nez avec lui.
« Je… Euh… Je suis invitée. » Balbutie-t-elle en montrant son invitation. Il hausse les épaules et la laisse entrer, non sans lui frôler le bras et lui dire :
« Tu sais, c’est pas chez moi. Je suis invité aussi. On se retrouve à l’intérieur ! » Puis il s’en va dehors, rejoindre des amis. Premiers mots échangés avec lui. Meade rougit, elle hoche la tête. Mais au lieu de rentrer comme ce qu’elle aurait dû faire, elle s’approche du groupe et sort une « cigarette ».
« Excusez-moi, l’un de vous aurait du feu ? » Demande-t-elle timidement, avant de glisser le tube entre ses lèvres. Aussitôt, quatre briquets allumés se tendent devant elle et elle se penche pour allumer son bâton cancérigène.
« Merci beaucoup. » Murmure-t-elle avant de s’éloigner de quelques pas.
Mais ils la suivent, décident de rester avec elle. Il faut dire que dans sa petite robe rouge et moulante, elle est magnifique. Ses longs cheveux corbeaux sont attachés en un chignon sobre qui ne fait que rehausser l’éclat de ses prunelles mordorées.
Et c’est de cette manière que la conversation débute, que les liens se créent. Cela apparaît comme une évidence : Sloan-Deidre et Abaddon s’entendent à merveille. Tant et tant qu’ils éclipsent presque le reste de la bande, qui ne participe que très peu aux discussions animées par les deux parties.
La soirée continue à l’intérieur, bien qu’ils sortent de temps en temps pour en griller une, et ils ne cessent de traîner ensemble et de multiplier les contacts en plus des verres d’alcool – étant donné qu’il y avait déjà quelques années que la prohibition avait cessé. A la fin de la soirée, ils sont inséparables et passent leur temps à danser collé-serré ensemble. Ils sont tout le temps dans les bras de l’autre, et s’embrassent même quelques fois. Meade est heureuse, et il ne fait aucun doute qu’Abaddon soit bien avec elle. Lorsqu’ils se quittent pour rentrer chez eux, Abaddon lui propose de la raccompagner. Et, une fois la route faite, sur le pas de la porte de la jeune fille, il lui demande un brin timidement :
« Peut-être que… Je sais pas… Tu voudrais sortir avec moi ? » Ludmila le regarde alors avec des grands yeux, étonnée, comblée. Il en faut peu, à cet âge-là.
« Oui. Oui, bien sûr que je veux ! » S’écrie-t-elle avant de se jeter dans ses bras pour l’embrasser.
[…]
« P’tain Meade, tu vas être à la bourre ! Tout le monde t'attend ! » Déclare une voix bourrue de l’autre côté de la porte.
« J’arrive, j’arrive. » Rétorque-t-elle, agacée. Deux jeunes femmes s’affairent autour d’elle encore quelques minutes, mettant des broches et autres décorations dans ses cheveux d’ébène. Puis enfin, elle quitte la pièce, et la musique résonne dans l’église. Nous sommes en 1947 et Ludmila vient enfin d’avoir vingt-et-un ans. Ils ont alors décidé de se marier, après trois ans et demi d’amour le plus parfait. Bien sûr, Abaddon sait très bien que sa future femme est complètement accro aux drogues mais il a déjà réussi à la faire ralentir sur les doses. Il s’en occupera… Tout ce qu’il sait, c’est qu’il veut passer sa vie avec elle.
Quand la jeune femme, toute de blanc vêtu, pénètre dans l’allée principale les regards se croisent et s’extasient devant sa beauté. Son fiancé lui-même en est bouche bée, tant elle est resplendissante. Elle avance lentement, comme le veut la tradition alors qu’elle n’a qu’une envie : Aller le rejoindre en courant, quitte à se prendre les pieds dans sa longue robe. Elle sourit à l’assemblée, aux convives, qui sont leurs amis et leur famille. Elle n’a jamais été plus heureuse.
Arrivée devant le prêtre, celui-ci commence la cérémonie. Ils échangent leurs vœux, répètent les dires du prêtre et échangent les alliances. Enfin, l’homme d’église déclare :
« Je vous déclare officiellement mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée. » Ils plongent leurs yeux dans ceux de l’autre, se regardant avec tout l’amour qu’ils ressentent pendant quelques instants avant de joindre leurs lèvres dans un baiser emprunt de passion. Ils sont mariés. Et c’est ce qu’elle avait toujours voulu. Certes ils sont jeunes, mais Meade le sait : Abaddon est l’homme de sa vie.
[…]
« Abaddon… Il faut que je te dise quelque chose. » Ce n’est qu’un murmure, alors que ses joues s’empourprent. Elle s’assoit à côté de son époux, maltraite ses propres mains. Elle n’ose le regarder dans les yeux alors qu’elle reprend, d’une voix chevrotante.
« Ecoutes… Je sais qu’on est jeunes. On vient à peine de se marier… Et on a du mal à joindre les deux bouts. Je le sais. Je sais aussi que je viens à peine de commencer un nouveau travail… Que tu dois en chercher un… Mais ce n’est pas ma faute… » Elle semble être à deux doigts de pleurer. Abaddon se met face à elle pour la fixer dans les yeux avant de rétorquer, d’une voix douce et patiente :
« Mon cœur, qu’est-ce qu’il y a ? Viens en au fait s’il te plaît. Je peux tout entendre… Mais tu m’inquiètes. » Meade prend alors une grande inspiration. Elle relève brièvement les yeux vers ceux de son mari avant de les baisser pour fixer encore et toujours ses mains. Elle s’humidifie les lèvres alors que son cœur bat à tout rompre.
« Je… Je l’ai refait. Trois ou quatre fois… J’ai vérifié… Mais je euh… Je suis enceinte, Abaddon. Enceinte. » Répète-t-elle pour mieux en prendre conscience. Mais alors qu’elle s’attendait à des réprimandes, à une phrase désespérée de sa moitié, le visage de celle-ci s’illumine. Il la prend dans ses bras, la serre fortement contre lui.
« Mais c’est génial, ça, Sloan ! Je suis très heureux. On trouvera un moyen pour gérer financièrement, ne t’en fais pas. Je suis tellement content, tu ne peux pas imaginer. » Elle se laisse alors aller tout contre lui, respirant son odeur, prenant peu à peu en compte ce petit être qui grandit dans son ventre.
Bientôt, d’ici quelques mois, ils seront trois. Ils seront une famille.
[…]
Cinq mois sont passés. Le ventre de la jeune femme s’est arrondi et l’on devine l’enfant qui va naître sous toutes ses tenues. La grossesse n’est pas facile, la fatigue est souvent trop pressante, comme un rocher sur ses épaules ténues ; mais personne ne l’a vue si heureuse que depuis qu’elle est enceinte.
Et pourtant.L’addiction est trop grande. Elle fait des efforts pour réduire, mais encore et toujours, elle empoisonne son sang et avec lui celui de son bébé. Elle sait qu’elle ne devrait pas, mais bon dieu… Résister est tellement dur…
Abaddon la soutient toujours avec autant de ferveur, bien que les sermons se multiplient en parallèle de son inquiétude pour l’enfant. Si le tabac et les autres substances illicites ne sont pas déplorées – en tout cas, pas autant que dans le futur – tous sont bien conscients des risques qu’ils prennent. Des risques qu’
elle prend. Mais le jeune homme aime sa femme, il ne veut pas la voir dépressive… Et il sait que c’est ce qui arrivera si elle arrête. Il lui demande simplement de réduire la prise de ses pilules magiques, de ses lignes blanches. Elle accepte, elle n’a pas le choix… Elle aussi tient à cet enfant. Elle l’aime déjà, aime à se dire qu’ils seront ensembles contre tout.
Et pourtant.Une douleur fulgurante la réveille, une soirée d’hiver. Elle hurle, ce qui fait réagir son époux. Il l’emmène aussitôt à l’hôpital, à toute vitesse.
Lorsqu’ils arrivent, une infirmière emmène Meade jusqu’à une chambre et prie Abaddon de rester à l’écart. Il se fait un sang d’encre mais il respecte la décision. Il patiente, et ça lui semble durer une éternité. Sa jambe tremble. Ses mains, serrées en poings, sont contre sa bouche. Ses yeux – presque fous – restent fixés sur l’horloge. Le temps passe, interminable, puis enfin :
« Monsieur, vous pouvez entrer. » Il se lève d’un bond, rejoint son épouse. Il vient se poster à côté d’elle, allongée dans son lit. Des larmes coulent sur ses joues diaphanes, et elle n’ose le regarder alors qu’il lui serre la main.
« Que… ? » Demande-t-il, sans réussir à formuler ses interrogations. Le médecin affiche une mine sombre. Abaddon n’est pas idiot, il se doute de la nouvelle à venir… Mais il la redoute. Il la nie. Il ne veut pas y croire.
« Monsieur… Je suis au regret de vous annoncer que votre bébé est… Il est mort. Votre femme n’aurait pas dû continuer de prendre ces substances… Ca a nuit à l’enfant. » Abaddon relève les yeux vers le médecin puis lâche brusquement et brutalement la main de Sloan. Il ne peut plus la regarder, il crie, il fait les cent pas.
Oui, ils n’étaient pas prêts réellement à être parents… Oui, ça n’allait pas être facile. Mais ça faisait déjà cinq mois, et il s’y était fait. Il voulait être papa. Il n’imaginait pas qu’une telle chose pourrait arriver.
Quelques jours plus tard, Sloan est autorisée à quitter l’hôpital. Son ventre n’a pas encore totalement dégonflé, et l’on pourrait encore croire qu’un enfant s’y trouve.
Et pourtant.La suite, vous vous en doutez. Ce ne fut plus jamais pareil. Abaddon avait beau aimer sa femme, il ne pouvait plus la regarder en face… Il la voyait comme une meurtrière, ayant assassiné consciemment le fœtus. Il sait que ce n’est pas réellement ça, mais rien n’y fait… Il est trop en colère, il en vient presque à la détester.
C’est de sa faute, à
elle ! Si elle avait arrêté comme il lui avait demandé, si elle avait fait des efforts… Mais non, elle n’en avait pas été capable. Elle n’avait pu qu’être d’un égoïsme sans bornes.
Dans ce genre de situations, il n’y a que deux choix possibles : Soit le couple fait face ensemble, soit ils se laissent dépérir et se brisent chacun de leur côté. C’est la deuxième solution qui se produisit dans la famille Bloomsday.
Et après quelques mois dans des eaux savonneuses, la décision est prise :
« Je vais aller m’installer ailleurs. J’ai besoin de souffler… J’ai besoin de changer d’air, de changer d’emploi… De changer de vie. Mes sentiments pour toi n’ont pas changé, mais je sais que les tiens… Je sais que tu m’en veux. Je comprends. Je m’en veux terriblement aussi. Mais rien ne pourra réparer ça… Je pense juste que nous devrions vivre séparément quelques temps et aviser ensuite. » Déclare-t-elle, la voix tremblotante, l’émotion transpirant à travers ses dires. Elle n’a aucune envie de s’éloigner de son époux, mais puisque l’atmosphère est si lourde, si envenimée, elle n’y voit aucune autre solution.
Elle attrape ses valises et quitte la maisonnée, sans savoir aucunement où aller.
[…]
Les premiers temps, elle prend un appartement miteux et cherche un autre emploi, sans quitter la ville de Rosewood. Elle envoie des CV à tous les endroits où elle pourrait exercer son emploi de psychiatre. Ironique, lorsque l’on sait qu’elle-même est brisée et qu’elle espère pouvoir conseiller des personnes dépressives ou malades. Mais enfin, on la contacte. L’Asile de Rosewood cherche du personnel supplémentaire, et le directeur lui fait passer un entretien qu’elle réussi.
Ce sera pour elle le moyen de changer de vie, sans oublier totalement son passé… Elle est persuadée que c’est une bonne chose, qu’elle pourra peut-être même relativiser son existence morne.
En attendant, ce n’est pas parce qu’elle a perdu son bébé à cause des drogues qu’elle a cessé. C’est bien pire en réalité. Elle a doublé les doses, autant parce qu’elle ne peut pas se supporter que parce qu’elle aimerait, d’une certaine façon, que ça puisse la tuer et qu’elle paie pour son crime.
Les patients de l’Asile ne seront pas vraiment aidés avec une telle personne… Ca, c’est sûr.
Ludmila Meade Sloan-Deidre Bloomsday, une psychiatre qui en aurait bien besoin d’un. De psychiatre. Une personne brisée, une personne addict, et qui sait… Peut-être la personne qui causera votre suicide, étant donné le tact dont elle fait preuve et sa flegme.