« Pourquoi m'as tu enfermée ici ? Puis-je savoir ? Que t'ai-je fais ? Etais-je si mauvais ? Est ce que l'on se connaissait, jusqu'alors ? Ai-je oublié ? Si tu savais ce que tu me fais endurer ... Pourquoi tu ne réponds pas ?! Après tout, je n'ai rien fais de mal. Je n'ai pas à être ici, je ne sais pas pourquoi tu m'as choisi, pourquoi tu caches ma joie de vivre derrière ces barreaux. Je suis triste, ici, le sais tu ? Mais réponds moi ... Pourquoi tu te contentes de me regarder comme ça ? Tu me regardes toujours comme ça, comme si tu nageais dans une tristesse encore plus grande que la mienne, comme si tu ressentais ma douleur et voulais te noyer dedans. Pourquoi ? Pourquoi faire ça si tu souffres autant que moi ? Pourquoi cherches tu à me faire partager ton fardeau ? Pourquoi ... Je ne saurai pas te dire un autre mot, une autre sentence. Toutes mes phrases qui te seront adressées ne commenceront toujours que par un "pourquoi". Et puis, d'ailleurs, pourquoi j'aime autant ce regard que tu poses sur moi ? Pourquoi ?

Tu sais, avant toi, j'étais une fille, tout ce qu'il y a de plus normal. J'allais à l'école, j'avais des amis. Un meilleur ami, notamment, Joe. Tu sais à quel point je l'aimais ? A quel point je tenais à lui ? Il m'a tant aidé. Il a toujours été là pour moi. Il m'a protégé. Il ne m'a pas rendu captive, lui. Il sait à quel point j'aime la liberté. Il sait que je ne serai jamais heureuse ainsi. Quoi qu'il en dise, il a besoin de moi, tu comprends ? Non, après tout, je ne pense pas que tu puisses comprendre ... On avait un lien particulier, fusionnel. Tu sais, il est le seul à me connaître vraiment ... Savoir ? Non, bien sûr que non, tu ne sais pas. Tu ne peux pas savoir, tout simplement parce que tu ne le souhaites pas. Tout ce que tu espères, tout ce que tu sais, c'est que tu me garderas ici. Pour toujours, peut-être ? J'en sais rien. Pour quelle raison ? Je n'en sais pas plus. Pourquoi, pourquoi, pourquoi. A quoi bon répéter ce mot, inlassablement, alors que je sais pertinemment que tu n'apporteras pas de réponse ? Tu ne l'as pas fait durant des semaines, pourquoi le ferais tu maintenant ? Rah, toujours ce satané "pourquoi". Il se répète dans ma tête. Et je ne suis même pas sûre d'y entendre le son de ma voix. Qui est ce qui me parle ? Satan ? Non, impossible. Satan, il est devant moi. Il est là, c'est toi. Or, tu ne peux pas être à deux endroits à la foi. Enfin, peut-être, qu'en sais je ? Au faite, "pourquoi", je te l'ai déjà demandé ? Je ne sais plus. Je n'ai jamais su.

Voilà des mois encore, des mois. Les barreaux ne doivent être guère plus gris que moi. J'ai besoin de soleil, tu le sais. Je ressens ton désarroi, sans comprendre réellement le tourment qui te possède. J'aime ce tourment. Je déteste te sentir tourmenté, pourtant. Pourquoi suis-je autant contradictoire ? C'est toi qui m'a rendu ainsi. Tu as balayé mes certitudes, a contraint mon quotidien à se soumettre à une passion incompréhensible et violente. Tu es toujours là, de toute ta grandeur. Tu ne m'as jamais fait de mal, pourtant. Jamais réellement, jamais intentionnellement. C'est toi qui souffre. Tu t'offres cette souffrance qui ne devrait pas être la tienne. Et tu la nourris. En me demandant de parler. Tout le temps. Le son de ma voix t'obsède, et te plait à la fois. C'est ce qui nous lie, je l'ai enfin compris, tu sais. Cette symphonie de notes et de sens caché. Cette douce lueur invisible, qui unit nos âmes comme Mozart unissait les notes de musique. Ma voix te parle, c'est la seule, l'unique, à laquelle tu trouve un sens. Ma mélodie te parle, te possède. Le regard que tu poses sur moi, c'est le premier. Le tout premier. Je n'ai jamais vu de regard avant. Les autres humains en ont ? Non, impossible. Ils ont des yeux simplement. Pas un regard. Le tien est profond, il me bouleverse, me torture. Je comprends enfin à travers lui. Le "pourquoi" a un sens. Pas celui de ma captivité, celui de mon existence toute entière. Je comprends tout.

Suis-je folle ? Si cela signifie que nous sommes deux, seuls sur Terre, si ça signifie que je suis la seule capable de te comprendre, alors oui, je veux être folle. Folle à lier, même. Noyons nous dans cette folie ensemble. Mais sors moi de cette cage. Cette cage qui me coupe de la lumière, de la liberté. De toi. Au fil des jours, je perdais ma voix. Plus mes sons se faisaient plus silencieux, plus tes larmes coulaient. Cette poésie s'est pourtant terminée lorsqu'ils t'ont arrêté, et jugé. Moi aussi on m'a jugé. Jugé folle, et toi criminel et fou. Romantique, peut-être ? Je n'en sais rien, je n'ai plus la capacité de réfléchir dans cette asile. Je suis seule, il fait froid. As tu froid, là où tu es ? Ils t'ont enfermé dans une asile aussi, je le sais. Pas la mienne, pour éviter que tu sois avec moi. Ne comprennent-ils pas que j'ai besoin de toi ? Ils refusent de comprendre. Je sens ce froid, je sais que tu le ressens aussi. Cet endroit me rendit-il plus folle que je ne l'étais devenue grâce à toi ? Le pourquoi revient. Non, je ne veux pas qu'il revienne. Je te veux toi. Je ne te sens plus. Pourquoi m'ont-ils libéré d'une prison pour m'enfermer dans une autre ? Je sens mon esprit se perdre ailleurs. Ils ont décidé de t'introduire dans un autre asile. Tu devenais trop incontrôlable, trop instable. Les choses ont fait que tu te retrouves avec moi. J'aime cette folie, je l'aime. Tue moi, rends cette folie libre, aussi libre que je l'étais, quand bien même il s'agisse de la lueur que tu souhaitais me retirer. »