« La chute. C'est exactement ainsi qu'elle se sentait. Perdre pied. Sentir un étrangement flottement prendre place autour de son corps. Un voile de coton s'enrouler autour de sa peau pour l'absorber dans cette chaleur, dans cette sensation trop confortable. C'est pourtant cela qu'elle voulait éviter. Éviter de ne plus ressentir. Éviter de comprendre. Ce vide. Ce foutu vide qu'elle ressentait dans les moindres recoins de son corps. Ce manque. Un manque qu'elle était simplement incapable de combler. Plus le temps passait, plus elle sentait ce froid s'emparer de son âme, la ronger lentement de l'intérieur et combler l'espace, tout l'espace. Combler son corps de ce vide qui brouillait ses pensées, les rendant trop floues, trop imprécises pour qu'elle puisse avancer correctement. Ce foutu vide qui l'empêchait de ressentir le moindre frisson, la moindre extase. Il avait créé ce vide. Lui. L'homme qui l'avait jeté comme un vulgaire déchet après quelque temps, se lassant d'elle comment on se lasserait d'un jouet. La laissant inapte à vivre sans lui, prise sous cette sensation de n'être plus rien. Prise avec cette envie de combler à nouveau ce trou béant qu'il avait créé dans le creux de son ventre, dans le fond de ses entrailles. Lentement, elle se perdait. La rousse se perdait sous le regard de ses parents qui la voyait mourir lentement, se perdre dans des vices qui ne lui étaient que peu familiers. La folie qui prenait lentement place dans son esprit l'incitait à tenter de ressentir. Se brûler. Se briser. Rien n'était comme Lui. Doux supplices qu'elle ne pouvait plus revivre. Sensation prenante. Baisers ardents. Coups de reins enivrants. Pauvre petit pantin qu'elle avait été entre ses mains. Douce poupée fragile entre ses doigts, incapable de se rendre compte qu'elle n'était que de passage. Son coeur avait été pris d'assaut sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit pour allez à l'encontre de cette réalité qui était maintenant sienne. Elle l'aimait. Surement trop. Surement de façon maladive. Pour lui, elle n'était rien. Qu'une petite chose. Qu'un déchet à jeté. Qu'une parmi tant d'autres. Un vide. C'est ce qu'elle ressentait ou qu'elle ne ressentait pas, justement. Rien. Kajsa tentait de retrouver ce quelque chose qui lui maquait. Remplacer cette pièce manquante par d'autres, par des choses qui lui était antérieurement inconnues.

Là. Elle était autre part. Ayant franchis des limites qu'elle se pensait inapte à passer. Le sang coulait le long de ses bras, de ses jambes, alors qu'elle sortait de la voiture. Elle voulait sentir quelque chose. Son corps était amorphe depuis trop longtemps. La moindre caresse sur sa peau n'était qu'un passage inutile, comme si elle était dans cesse sous l'effet d'une drogue, d'un tranquillisant. Sa voiture avait heurté ce foutu mur, sans qu'elle ne prenne peur, sans qu'elle ne retire son pied de la pédale. Son souffle s’était coupé, le tintement de ses os s’était fait entendre de façon bien sinistre, mais elle était encore là. Consciente à demi, ouvrant ses yeux après trop de temps dans un autre monde, dans ce monde où elle se trouvait avec lui. La chaleur contre ses cuisses. Les fourmillements qui se partageaient dans son corps. C'est surement ce qui lui avait fait ouvrir à nouveau les yeux. Ça ou les cris. La panique qui se faisait ressentir autour d'elle. C'était plus fort qu'elle. Cette envie de ressentir à nouveau. Cette envie de mourir pour cesser de vivre dans la recherche, dans l'espoir de retrouver la moindre parcelle de lui dans ce qu'elle entreprenait. Le sang coulait contre son visage. Les éclats de verre brisaient sa peau opaline. Mourir. Partir. Cesser de vivre sans arrêt à la recherche de quelque chose qu'elle était incapable de retrouver. Cesse de le chercher. Lui. Détenteur de son coeur. Persécuteur de ses maux. Tourments de son âme. »

« Elle n'était pas guérie. Elle était marquée. Par lui. Par ce mal qu'il avait ancré profondément dans sa chaire. C'était de simple faux semblant qu'elle avait décidé de prendre, calmant son jeu pour revenir à la réalité, pour retomber dans cette vie qui était la sienne. Elle n'en pouvait plus de déambuler dans les couloirs de cet asile, incapable de trouver qui que ce soit apte à calmer les maux qui la rongeaient. Incapable de trouver un homme qui Lui ressemblait le moindrement. Lui. Aymeric. Cet homme qui la hantait sans qu'elle puisse détache son visage de son esprit. Cet homme dont elle était simplement incapable de se passer. Ce salaud qu'il était. Elle voulait en faire baver à la terre entière pour ce foutu salaud qui avait abusé d'elle. Qui s'était joué d'elle. Il l'avait changé, refoulant cette jeune femme qui faisait la fierté de ses parents en dépravée sexuelle, en épave ne cherchant que le plaisir, que la moindre sensation qui la reliait à lui. Elle le détestait, autant qu'elle avait envie de le revoir. Ce foutu mélange de haine et de passion qui l'animait, qui la rendait folle. Elle n'en était pas remise. Pas le moins du monde.

Les battements de son coeur se faisaient fortement ressentir contre sa cage thoracique alors que ses doigts sinueux glissaient lentement le long de son torse. Il était sa proie. Sa victime pour la soirée. Celui qui avait eu le malheur de faire renaître quelques mauvais souvenirs dans le fond de son crâne. Mauvais ou trop bon. Ce n'était pas facile à dire. Elle fit un pas, attrapant les pans de sa veste pour basculer la situation et se coller à lui. Son corps fin se moulait parfaitement aux muscles de son corps. Pris entre elle et le mur, il ne semblait pas se plaindre, laissant quelques plaintes s'extirper de sa gorge, laissant quelques soupirs s'échouer sur la peau opaline de Kajsa. Sa langue vint lentement glisser contre ses lèvres alors que ses doigts se faisaient de plus en plus insistants contre le renflement de son pantalon. Elle ne voulait rien de lui. Rien de plus que quelques heures à se perdre dans des caresses lascives, dans des coups de reins salaces et des baisers langoureux. Elle voulait l'attirer. Le briser. Le faire brûler. Le rendre dépendant à la moindre de ses caresses, la voir ramper à ses pieds pour lui redemander une parcelle d'attention qu'elle ne lui donnerait surement pas.

Sa langue venait se perdre contre la peau rêche de son cou. Il était marié. Il avait un regard qui faisait passer un nombre incalculable de frissons contre son échine et elle le désirait ardemment. La demoiselle s'en fichait complètement de celle qui pouvait l'attendre ou de la vie qu'il pouvait mener. Le faire céder. Lui faire perdre pied. Lui faire se rendre compte qu'il était mieux entre ses mains agiles que celle de cette femme qu'il ne devait même plus désirer de la même façon. Ses dents marquaient sensuelle sa peau. Ses doigts venaient glisser sous le tissu de son pantalon pour le prendre en main, pour le sentir frissonner. La rousse avait ce coté dominant, cette envie de posséder, de prendre le dessus pour rendre son partenaire dépendant de ses caresses, de ses baisers. C'est ce qu'il avait fait avec elle par le passé. Le seul qu'elle eut aimé. Le seul à avoir prit possession de son corps. Hors de question de revivre ce genre de moment. Hors de question de perdre pied pour qui que ce soit. Kajsa avait cette envie folle de contrôler. De prendre le dessus. De posséder. De ne plus se faire avoir. Le pantalon de son amant vint s'échouer sur le sol. Elle sentait ses mains rêches contre sa peau. Elle sentait la tension prendre lentement place en lui, le faisant se sentir de plus en plus tendu, brulant. C'était plus fort qu'elle. Cette envie de plaire. Cette envie de séduire. Ce besoin qui le prenait littéralement aux tripes. L'amour n'avait plus réellement de sens pour elle. La jeune femme avait perdu espoir. Cet espoir de retrouver ce qu'elle avait eu par le passé, cet espoir de croire encore en l'amour. Brisé dans les moindres recoins de son âme, elle ne pouvait simplement faire autrement que de se défouler, que de se venger, que de combler ce vide qui ne la quittait simplement plus. Ses doigts s'emparèrent de lui, le caressant sensuellement, le faisant gémir, trembler sous ses caresses, sous ses mains un peu trop chaudes. Les corps qui se fracassent. Ses lèvres qui envahissent la moindre parcelle de sa peau. Le manque de souffle. L'épuisement. Elle se sert de lui pour ressentir un petit quelque chose, pour se prouver quelque chose, pour avancer.  »

« Cet endroit. Elle le méprisait simplement. Endroit qui la déstabilisait et qui la dégoutait par la même occasion. Aucune envie de se retrouver ici, mais ses parents ne cessaient de se mettre en travers de son chemin. Eux qui avaient été si heureux de la retrouver, de la revoir dans la famille. Cette petite fille parfaite qu'elle était par le passé, ce n'était plus elle. Aymeric l'avait changé. Lui. Le seul qu'elle eut réellement aimé. D'un foutu amour à sens unique. Un amour qui n'était pas partagé. Son coeur s'était brisé quand elle avait vu l'homme de ses rêves dans les bras d'un autre, leurs corps se heurtant dans des bruits indécents qu'elle aurait préféré ne pas entendre. Le dégout avait pris place en elle. Une rage. Une folie. Un mal. C'était humiliant. C'était atroce. L'amour qu'elle pensait partager avec lui, leur rencontre, ce n'était rien d'autre qu'un passage, qu'un moment ayant bel et bien une fin. Il hantait son esprit. Elle le détestait comme elle l'aimait. Foutu mélange de passion. Foutu mélange d'amour et de haine. Lui. Il ne l'aimait pas, surement pas. Il ne faisait qu'accumuler les conquêtes, que briser les femmes dans son genre qui avaient tendance à s'accrocher, à aimer.

Il avait fallu la changer d'endroit, d'asile, parce qu'elle avait fait trop de conneries par le passé, parce qu'elle avait abusé de ses charmes et jouer avec le personnel. C'était plus fort qu'elle. Ses envies ne changeaient pas. Que ce soit ici ou ailleurs. Les défis étaient de taille quand l'éthique entrait en jeu. Couchée dans ce lit tellement peu confortable, elle laissait son regard clair vaquer sur les murs de sa chambre. Kajsa aurait préféré ne par revenir dans un endroit pareil, mais il faut croire que ses parents avaient réellement envie de lui venir en aide. Elle était une cause perdue. Elle ne serait plus la petite héritière de cette vie qu'il avait tant voulue pour elle. Maintenant, elle n'était autre chose que petite obsédée, qu'une nymphomane tout à fait instable, se perdant dans des délires parfois trop grand. Sirène attirant les hommes dans ses filets, pour combler, pour jouer, pour briser. Elle n'avait plus la moindre envie de s'en sortir, elle était bien trop loin pour ça. Brisée de part en part. Perdue dans ses dépendances trop grandes. Elle le voulait Lui. Lui qui était aussi fou qu'elle. Lui qui avait pris soin de l'enfoncer, de la pourrir jusqu'à la moelle, jusqu'à l'âme. Cet endroit ne la changera pas. Cet endroit ne sera pas différent de celui d'avant alors autant passer le temps en s'amusant. »