Inde, 1930.

Ghandi, un grand homme dont ton peuple est fier, fait un premier pas pour libérer vous libérez, vous, tous les indiens. Il recueille, à la mer, du sel entre ses paumes. Et c’est ainsi que les premiers mouvements pour obtenir l’indépendance ont lieu.
C’est à cette époque, quelques mois après cet acte héroïque que tes parents te conteront maintes fois, que tu prends vie.
Personne ne pourrait se douter, en voyant tes petites mains légèrement basanées, tes grands yeux bleus et ton minois poupin de toutes les horreurs dont tu seras capable. Personne. Et pourtant… S’ils avaient su…
L’on dit souvent que le résultat, l’avenir de l’enfant, dépend de l’éducation donnée par les parents. Dans ton cas, tes géniteurs n’ont rien à se reprocher… Tu t’es simplement égarée du droit chemin, telle une brebis, suivant les pistes qui lui semblent les meilleures… A ses dépends. Se faisant dévorer, déchiqueté, par les loups.
Parfois encore, tu regrettes d’en être arrivée là. D’autre fois, tu repenses à ce sang répandu, et tu ne peux t’empêcher de ressentir un pouvoir immense, une certaine forme de satisfaction… Et tes yeux prennent vie, ils s’illuminent, en quête de retrouver cette sensation ô combien agréable.
Tu es un monstre, brebis devenue loup, et rien ne t’enchante plus que ce fait.
Et ceci est ton histoire.


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Le sang perle sur le papier alors que ta main agrippe fermement le stylo. Les larmes, mixte entre de la fascination et du dégoût, ruissèlent sur tes joues nacrées où le sang semble avoir séché et s’être incrusté dans tes pores. Il faut que tu écrives… Que tu couches les mots sur le papier, pour te libérer de ce poids. Ainsi, tu écris, faisant bouger ton instrument entre tes doigts experts, entre tes doigts souillés, grattant et scarifiant le papier.

« Je les ai tués. »

Ce sont les premiers mots qui viennent, et les remords rongent, tel l’acide, ton myocarde, ton estomac. La bile remonte dans ta gorge, et tu quittes rapidement ta chaise pour t’enfermer dans les toilettes. Tu t’essuies la bouche et nettoie tes mains, jusqu’au sang. Tu ne différencies plus le tiens et le leur. Tu te débectes. Tu croises ton regard dans le miroir, et ce que tu y vois te glace le sang. Ce n’est pas toi, cette femme qui semble mature, qui semble perfide, qui semble… Mauvaise. Et pourtant. Un sourire étire tes lèvres, que tu griffes, tentative vaine pour repousser ce sentiment que tu ne devrais pas ressentir. Tu frottes encore et encore les tâches carmines qui fleurissent sur ta peau, et retourne t’asseoir non sans douleur.

« Le pire ? J’ai aimé ça. J’étais puissante… Ils ne s’y attendaient pas. Je ne sais même pas comment je suis parvenue à les tuer, les uns après les autres… »

Tu t’humectes les lèvres, passes une main dans ta chevelure d’ébène revêche.

« Je. Suis. Un. Monstre. »

Les mots sont emprunts de souffrance. Ton écriture est agressive, douloureuse, nouvelles scarifications que tu préfères employer sur le papier plutôt que sur ta peau.

« Ce n’est pas pour rien que les femmes n’ont qu’une petite place dans la société… »

Tu vas te poser dans ton lit, et fixe le plafond. C’est trop dur… Écrire ce qu’il s’est passé, mettre des mots sur tes actes… Sur cette extase qui s’est emparée de toi, sur cette frénésie meurtrière… Enfermée dans une chambre aux murs trop blancs, à la lumière trop criarde, tu repars t'enfermer dans le passé, dans ces souvenirs qui furent la naissance de cette atrocité que tu es devenue.

Tu ne sais même pas pourquoi tu as accepté. Cet américain, il est venu te trouver, alors que tu te bagarrais dans la rue, seule adrénaline possible pour toi, petite Indienne un peu trop farouche.

- Excusez-moi, mademoiselle… ? »

Lorsque tu t’es retournée, ton poing a flotté dans l’air, prêt à en découdre avec cet homme d’une trentaine d’années qui t’adressait la parole, à la peau trop claire, aux yeux trop bleus et à l’allure trop chic. Cet homme qui ne devrait pas être ici. Qui ne fait pas parti de ton monde. Tu as laissé retomber ta main, lourdement. Tu lui as jeté un regard effarouché, pour l’intimer de se dépêcher à te demander ce qu’il voulait. A terre gisait un garçon, de quinze ou seize ans. Pas de sang, juste quelques douleurs. Mais le regard qu’il te jetait prouvait tous les sentiments haineux qu’il ressentait à avoir mordu la poussière à cause d’une fille.

- Vous êtes douée. »

Tu avais haussé les épaules. Son accent était bizarre, chantant. Il ne parlait pas très bien l’indien, et toujours, tu te demandais ce qu’il te voulait. Tes parents allaient sans doute avoir des problèmes, une fois encore, du fait que tu te sois battue. Mais tu en avais besoin, et parfois, ce n’était qu’un mécanisme de défense. Quelqu’un que tu te refusais de voir, que tu confondais. Un être abject, qui avait tenté plusieurs fois de te rouer de coups et de t’abuser. Qui t’avait volé de la nourriture à peine achetée, avec la maigre somme que tu détenais. Un être que tu ne pouvais t’empêcher de vouloir voir mort. Et, sans en comprendre la raison, tu le voyais partout… Son visage semblait se décoller pour aller sur un autre corps. Persuadée que tu étais qu’il changeait, se métamorphosait en quelqu’un d’autre, pour mieux t’attendre.

- J’aimerais discuter… Et, pourquoi pas, vous offrir un travail.
- Combien ?
- Pardon ?
- Payé combien ?
- Plus que ce que vous pourrez trouver ici. »

Tu l’avais jaugé, tentant de déceler un possible mensonge. Il avait l’air sincère, mais étranger et riche. Adepte du mensonge, en soit. Tu ne lui faisais pas confiance, du haut de tes quatorze ans. Mais, en ton cœur, bien enfouis, tu étais prête à tout pour aider tes parents dans leurs dépenses, pour avoir à manger et aider tes frères et sœurs à survivre. Vous étiez trop pauvre, trop miséreux. Il fallait faire quelque chose.

Et tu l’avais suivi. Il n’avait pas menti, te demandant de lui montrer ce dont tu étais capable. Il avait offert de t’aider à affiner tes mouvements, tentant de dompter la tigresse que tu étais. Mais chaque soir, dans son auto brillante, il t’avait ramené chez tes parents. Et chaque matin, il revenait te chercher, t’apprenait des coups qui te seraient utiles, t’apprenait à manier des couteaux comme s’ils faisaient parti de toi.
Honnêtement, tu ne comprenais pas ses gestes. Et pourquoi il voulait de toi. Pourtant, plusieurs années après, ce fut évident.


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Ils s’étaient introduits chez lui ; cet homme que tu protégeais. Des voleurs, des assassins, des brigands… Des gens malhonnêtes. Tu ne savais pourquoi, Mr Jones avait décidé d’élire domicile chez toi, dans ton pays. Tu n’avais jamais pris la peine de le lui demander, curiosité déplacée qui, au fond, n’avait aucune importance à tes yeux. Tu étais payée, et tes parents s’en portaient mieux. C’était la première fois qu’il te demandait de rester avec lui durant le dîner, promettant qu’il te reconduirait ensuite.
Mais ça avait dérapé. L’invité d’honneur était enfin arrivé, tout de noir vêtu. Son costume devait coûter une somme astronomique, et son front en sueur témoignait de la chaleur extérieure. Tu n’aurais su supporter d’être autant couverte que lui… Mais d’après ce que tu en comprenais, l’homme avait besoin de garder une certaine image.
Il ne te porta que très peu de considération, passant un regard désagréablement lubrique sur ta peau couleur café et sur les légères formes qu’il pouvait deviner, avant d’entrer davantage dans la demeure pour s’installer à la table, précédé par ton patron. Il avait un nom aux consonances très chantantes, un prénom que tu ne parvenais pas à retenir.

Tu refermas la porte de la bâtisse, non sans jeter un regard à l’extérieur. Et que ne fut pas ta surprise de voir des hommes, tout de noir vêtu, postés à chaque entrée… Ta méfiance naturelle reprit le dessus. A vu de nez, ils devaient être à peu près quarante… Peut-être un peu moins, ou un peu plus. Ils étaient nombreux, assurant la sécurité de leur « maître », alors que tu étais seule pour assurer celle du tiens. Mais quelque chose, dans la manière qu’ils avaient de regarder la maison, de se jeter des coups d’œil, ne te rassura pas. Tu étais persuadée qu’ils n’étaient pas là pour simplement s’assurer de sa sécurité.
Tu allas donc trouver Mr Jones, lui demandant de lui parler en aparté.

- Excusez-moi de vous déranger… Je sais que ce dîner est important pour vous.
- Il n’y a pas de mal, Bloodwen. Je t’écoute, qu’y a-t-il ?
- J’ai pu compter une quarantaine d’hommes, qui accompagne Monsieur… C’est beaucoup pour assurer la sécurité d’un seul homme, ne pensez-vous pas ? Ils sont étranges, je me méfie.
- N’entamez pas les hostilités maintenant. Continuez de les surveiller, et si vous décelez un geste suspect… Vous savez ce que vous avez à faire.
- Mais… Et vous ? Et si Monsieur vous attaque ?
- Auriez-vous oublié qui vous a enseigné ce que vous savez ? »

Tes joues s’empourprèrent légèrement. Ce n’était pas dans ton habitude, mais à force de côtoyer Mr Jones, tu commençais à t’y attacher. Et puis, il n’avait pas tort. De plus, la seule raison qui te poussait à le surprotéger était cette concupiscence qui te gangrenait l’âme, cette avidité d’argent. Il était ta mine d’or, et tu étais le mineur.
Tu retournas sur le pallier, fis le tour de la maison. Tu feintais de vérifier quelques jointures ou autres frivolités des maisonnées, choses auxquelles tu ne comprenais pourtant rien, alors que tu jaugeais un à un les hommes qui te lançaient des regards suspects.  Au moins, vous étiez à armes égales… Ou presque. Vous vous méfiiez tous de l’autre.
Heureusement, il n’y avait pas tant d’entrées que ça. Quatre ou cinq. De fait, ils étaient divisés en de petits groupes de cinq/six. Ca n’allait pas être facile si tu devais t’en débarrasser, mais ce serait moins dur que seule face à quarante hommes… Peut-être armés. Sans doute. Mais pas de fusils… Du moins, c’est ce que tu espérais.
Tu t’apprêtais à rentrer dans la demeure pour garder un œil plus discret sur eux lorsque tu le vis. Cet homme que tu ne pouvais supporter, cet homme qui avait fait de ta vie un enfer depuis que tu l’avais rencontré. Cet homme qui t’avait volé et humiliée un nombre incalculable de fois. Cet homme que tu voulais voir mort. Ni une ni deux, tu sortis en trombe, sans pour autant faire un bruit digne d’un éléphant dans un magasin de porcelaines. Tu gardais ta grâce féline, t’approchant furtivement de lui pour lui trancher la gorge, ressentant une satisfaction telle que tu n’en avais jamais ressentie…
Jusqu’à ce que tu te rendes compte que ce n’était pas lui.

- Mais… ! »

Murmuras-tu, décontenancée. Tu ne pouvais pas t’être trompée, c’était lui ! Ce fut alors une évidence : Il avait le pouvoir de changer de corps… Il te harcelait, te suivait, et se métamorphosait en quelqu’un d’autre. Ou, parfois, tu avais des hallucinations…
Toujours est-il que, malgré ta discrétion, les quatre autres hommes s’avancèrent vers toi. Tuer l’un des leurs n’était apparemment pas une bonne idée… Mais à quatre contre un, ils n’avaient pas besoin de renforts. Surtout à quatre contre une. Une femme. Que serais-tu capable de faire, du haut de ton mètre soixante ? Du haut de tes quarante kilos ? Pas grand-chose. Mais ils se trompaient.
En les voyant s’avancer dangereusement vers toi, tels des requins affamés, tu te mis en posture défensive. Tu attendais qu’ils attaquent, prête à bondir à ton tour. Et ça ne manqua pas. Tout d’abord, ce ne fut que des esquives. Ta petite taille te donnait un avantage : Leurs coups étaient plus meurtriers, mais ils étaient balourds. Ils étaient imposants et pas aussi rapides que toi. Ainsi, sortant l’un de tes couteaux alors que tu semblais danser entre eux, tu tranchas la chair, faisant jaillir le sang par flots. Tantôt, une coupure était effectuée au niveau de la rotule du genou. Tantôt, c’est les boyaux qui sortaient alors que d’autres fois, le bras manquait de se détacher sous les lacérations. Tes couteaux, c’était tes griffes. Et tu savais mieux les utiliser que personne.
C’est de cette manière que, même si le combat paraissait perdu d’avance, tu tuas cinq hommes. Et, plongée, perdue dans cette folie meurtrière, dans ce torrent d’adrénaline, tu te ruas sur chaque nouveau groupe séparément pour les faire mourir. La terre sombre prit des reflets carmins alors que les corps gisaient, reposant de manière affreuse, presque démembrés.

Lorsque tu rentras dans la maison, il ne restait que quelques rares parcelles de peau épargnées. Le sang couvrait tes bras, tachetait ton visage et tes jambes. Des coupures, parfois assez imposantes, étaient visibles sur ta peau, lancinantes. Mais tu ne les sentais pas réellement, furie dopée à l’adrénaline. Les portes étaient fermées pour mener au séjour, où discutait Mr Jones et son « ami ». Alors que tu aurais du toquer, tu fis une entrée fracassante. Les yeux du « chef » s’agrandirent sous la surprise et, légèrement sous la peur. Trois lames brillaient dans ta main alors qu’une, un peu plus grande, dépassait de ton autre paume. Tu avais un air funeste, carnation et personnification parfaite de la Mort. Bien que ta peau soit rougeâtre et assez visible, le fait que tes vêtements soient d’un noir corbeau ajoutait encore davantage à l’image. Il savait qu’il allait mourir… Et si Mr Jones ignorait son avenir, il était déjà scellé. Tu ne décelais plus les visages, tu n’avais qu’une idée en tête : Tuer. Continuer de trancher la peau, de répandre le fluide vital.

L’invité tâtonna dans ses poches, alors que tu t’avançais, la mine sombre. Il semblait enfin ressentir un peu de peur, mais son visage prit une expression suffisante lorsqu’il tira un pistolet. Pourtant, un voile rouge semblait s’éterniser devant tes yeux, brouillant ta vision, entraînant une totale indifférence à la mort. Tu voulais simplement le tuer… Cet homme qui t’avait tant prit, qui t’avait tant fait souffrir. Pas l’invité en lui-même… Mais tu le savais : Ton bourreau ne pouvait se cacher que derrière ce visage auquel tu ne te serais pas méfiée. Alors, tu allais lui montrer ce qu’il en coûtait de s’en prendre à toi.
Un coup de feu retentit… Et une douleur cuisante résonna dans ton crâne, alors qu’un liquide chaud serpentait le long de ton épaule.

- Loupé. Dommage. »

Ta voix n’avait plus les mêmes accents. On n’y entendait que la mort prochaine. Elle était presque sortie d’outre-tombe, glaçant le sang. Sous l’effet du stress, de la peur, il fit tomber son instrument… Et c’est à ce moment là que tu plongeas. Tes quatre lames déchirèrent l’air, et tout ce qui se trouvait sur ton chemin. La chaise sur laquelle il était assit ne fut pas épargnée. Tu lui enfonças l’une des lames jusqu’à la garde dans le buste, alors que tu étais sur lui.
Enfin, il avait payé. Enfin, tu étais libérée.

Alors, tu repris conscience de tout ce qui t’entourait. Tu vis le regard vitreux de l’invité, et tu te reculas sous le choc. Tu remarquas le sang qui tâchait les murs, le sang qui tâchait ta peau… Et enfin, Mr Jones. Il se tenait la poitrine. Tu fis bouger sa main pour voir le liquide vital qui s’échappait à grands flots. Tes sourcils se froncèrent alors que tu bafouillais, incertaine :

- C… Comment ? Pourquoi… ? Qu’est-ce que… ? »

Puis, ça te frappa comme une évidence. Dans ton carnage, tu n’avais rien différencié. Et tu l’avais blessé. Mortellement.

- Il… Il faut un médecin ! Shallë ! Appelles un médecin ! »

Hurlas-tu à la servante. Elle débarqua pour mieux crier devant la boucherie. Tu quittas alors quelques secondes l’homme qui avait changé ta vie pour la secouer, pour l’engueuler. Lui dire qu’il fallait vite qu’elle appelle un médecin. Tu te fichais d’être condamnée à mort pour ce carnage dont tu étais l’auteure. Tout ce qui t’importait était qu’il vive.
Mais c’était trop tard. Lorsque tu retournas à ses côtés, les larmes coulaient déjà abondamment le long de tes joues. Et, alors que tu posais la tête dans le creux de son cou, tu sentis son dernier souffle s’échapper, et le départ de son âme.

Ainsi, tu avais tué 39 hommes. Ainsi commença la torture de ton âme, et le renouveau, le changement de ton tempérament, alors que le malin s’infiltrait en toi, te consumait pour faire de toi son pantin avide de morts.


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« La suite, tout le monde la connaît. Je la connais. La fuite, encore et toujours. Le départ pour une nouvelle vie, cette douleur en mon sein, cette satisfaction dans mes tripes. Ces souvenirs, sombres et pourtant incroyablement plaisants à mes yeux. L’Amérique. Je ne me souviens même plus comment j’y suis arrivée. Mais ce fut de nouvelles coutumes à apprendre, de nouveaux mots. Mes parents, malgré leurs faibles moyens, m’ont accompagné. Je n’ai rien dit sur ce que j’avais fait… Je n’en ai pas eu besoin. Les gens ne parlaient que de ça. De ce meurtre perpétué chez un étranger. Et le fait que je souhaite partir leur a indéniablement mis la puce à l’oreille… Évidemment. »

Tu fermes le calepin alors que tes yeux repassent sur les murs blancs, sur ce manque de meubles. Ta chambre est morne, ta chambre… Est digne de l’asile dans lequel tu te trouves. Si tes parents ont accepté de te suivre, ce n’était que par amour, mais pas sans tenter de faire quelque chose pour toi… Ils ne cessaient d’affirmer que Satan – sous le nom hindous – était en toi. Et qu’il fallait t’en débarrasser.
Alors, un jour, lors de tes dix-huit ans, ils t’ont amené à Rosewood. Le pire ? Tu n’as même pas rechigné. En voyant la façade, en voyant la grille, en voyant tout ce qui faisait de l’endroit un sanctuaire de folie pure, tu t’es résignée. Parce que tu ne pensais pas être un monstre. Parce que tu avais aimé tuer. Parce que tu ne trouvais pas ça « normal ». Parce que tu savais être un danger… Sans vraiment en avoir conscience.

Cela fait deux ans que tu erres dans les couloirs, traumatisant les médecins et les patients pour t’occuper et t’amuser… Puisqu’aucun objet tranchant ne peut se trouver à ta portée. Tu es un monstre à ta manière… Mais pas de par tes actes. Du moins, pas à tes yeux. Tu es simplement un monstre du fait de ton caractère, du fait que tu es invivable et que tu aimes voir les gens souffrir.
Au final, s’ils avaient su, tes parents auraient tué Mr Jones avant que tu ne le fasses. Pour ne pas voir leur fille aînée s’autodétruire, pour ne pas voir leur fille aînée devenir une aliénée.
Les choses ont bien changées… Mais tu ne t’es jamais sentie aussi libre. Et, à dire vrai, tu n’as jamais été plus heureuse.